Une première analyse pour la Belgique. Focus sur Bruxelles.
Le webinaire "L’impact social du dépassement des limites planétaires. Une première analyse pour la Belgique”, a été organisé par le Cerac (Centre d’analyse des risques liés au changement climatique) ce mardi 17 septembre, livrant les conclusions de son étude « Is Belgium living within its safe operating space? »
À l’occasion de cette présentation, les résultats de leur rapport « Is Belgium living within its safe operating space? », qui s’est mené en deux phases, ont été présentés.
La première phase a entrepris la tâche complexe de définir ce que serait un « espace opérationnel sûr et juste à l’intérieur des limites planétaires » à l'échelle de la Belgique et d'évaluer les empreintes environnementales qui en découlent.
La deuxième phase a, quant à elle, analysé les impacts sociaux du dépassement de ces limites au niveau de la santé, de l’emploi et de l’accès aux services essentiels.
Les neuf limites planétaires :
- le changement climatique,
- la biodiversité,
- les cycles biogéochimiques,
- l’occupation du sol,
- la pollution de l’air,
- le cycle de l’eau,
- la pollution,
- la déplétion de l’ozone
- et l’acidification des océans,
ont été analysées sur base principalement de leur pertinence au niveau belge, et également sur base de la revue de la littérature disponible, même si celle-ci s’est avérée assez maigre pour plusieurs des limites étudiées.
Premières conclusions
D’emblée, plusieurs constats peuvent être dressés.
D’une part, sans surprise, ce sont les groupes les plus vulnérables qui sont les plus impactés par le dépassement des limites planétaires (et aussi par les mesures de transition). Parmi les groupes qui peuvent être classifiés comme étant à plus grande vulnérabilité, sont comprises les personnes âgées, les enfants, les femmes, et les personnes ayant un statut économique et social plus faible. En effet, le statut socio-économique influence la capacité d’adaptation et cette dernière rend ces groupes plus vulnérables aux mesures de transition climatique, énergétique et écologique.
D’autre part, l’étude relève qu’en 2024, plus de 20% de la population belge est à risque de pauvreté. Ce chiffre est malheureusement en augmentation depuis plusieurs années.
Comme évoqué ci-dessus, certains risques ont été relevés concernant la mise en place des mesures de transition. En effet, tout l’enjeu repose sur le fait de ne pas reporter la hausse des prix engendrée par de nouvelles mesures liées à la transition sur les populations déjà fragilisées. Par exemple, il est important que l’augmentation des coûts liés à l’alimentation et l’agriculture durables ne soient pas portés par les agriculteurs. Dans le même ordre d’idée, il est essentiel que les coûts engendrés par la rénovation et l’isolation du bâti n’excluent pas toute une partie de la population
Zoom sur Bruxelles
Plusieurs études similaires ont été menées sur le territoire bruxellois et il s’avère que des inégalités environnementales sont déjà présentes à Bruxelles.
Comme l’explique Simon de Muyck, il existe une inégale répartition de la qualité environnementale entre les différents groupes sociaux présents en région bruxelloise. Plusieurs constats sont posés, comme celui d’une relation claire entre la densité urbaine et la présence de problèmes environnementaux. Or, plus le salaire médian est bas, plus la densité urbaine augmente. Par ailleurs, les personnes vivant au sein du pentagone ont moins accès aux espaces verts que celles vivant dans les communes de la périphérie. De plus, les communes présentes dans le « pentagone » et le long du Canal sont plus soumises aux pics d’Ozone, aux pics de chaleur ou aux inondations, qu’elles soient d’origine pluviale ou d’altitude.
Ces poches d’inégalités se trouve en région bruxelloise non seulement à l’échelle intra-régionale mais aussi à celle intra-communale.
Le rôle des communes
Les communes bruxelloises se mobilisent déjà depuis de nombreuses années pour lutter contre les inégalités sociales et agissent à leur échelle contre le dépassement des limites planétaires. En effet, leurs Plans d’Action Climat (PAC) comprennent de nombreuses mesures d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques et prévoient des actions pour une juste transition climatique et écologique.
Dans ce contexte, il est important de rappeler qu’au vu de l’état des finances communales en Région de Bruxelles-Capitale, les communes peuvent parfois se sentir démunies eu égard aux chantiers à entamer pour affronter les défis climatiques ou réduire les inégalités environnementales. Il est crucial de rappeler l’importance des communes comme étant le premier échelon de pouvoir et les plus à mêmes à agir concrètement sur le terrain au plus proche des citoyens, et de leur permettre de continuer leur mission en leur octroyant plus de ressources et de moyens.