La grande criminalité récente exige d’autres réponses et ne peut éclipser la bonne collaboration entre les différents niveaux de la police. Les appels à la fusion ne reposent sur aucun élément objectif ou mesuré.

Les bourgmestres bruxellois ont rappelé ce mercredi matin lors d’une conférence de presse que les six zones de police bruxelloises démontrent quotidiennement leur efficacité et leur expertise dans un contexte de défis structurels majeurs. Si les nombreuses collaborations et synergies développées entre les zones apportent une réponse « de première ligne » à l’accroissement de la grande criminalité dans la capitale, ces enjeux dépassent largement l’échelle locale. Ils appellent à des solutions globales et concertées, et ne passent donc pas par la fusion des zones de police bruxelloises. 

Une police locale performante

La Conférence des Bourgmestres et Brulocalis ont rappelé que les six zones de police bruxelloises développent déjà entre elles des synergies et des collaborations au quotidien. 
L’unité de commandement est fréquente en Région bruxelloise, dernier exemple en date, la nuit du Nouvel an, où les différentes zones ont été placées sous la supervision unifiée du chef de corps de la zone de Bruxelles-Capitale/Ixelles, avec l’appui de la Région et du Fédéral.  Autre élément peu connu, le soutien de la police locale à la police fédérale en contribuant au démantèlement de l’organisation criminelle dans le dossier “SKY-ECC”, le procès du siècle.

En outre, les zones de police bruxelloises ont encore récemment travaillé main dans la main pour permettre d’interpeller 136 trafiquants en trois mois, tandis qu’une opération conjointe au parc du Cinquantenaire a mis fin à des vols violents. Bien que la sécurisation des transports ne soit pas une compétence communale, les six zones mènent régulièrement des opérations pour apaiser les quartiers et participer à la sécurisation des 74 stations de métro/prémétro, en plus des 32 gares bruxelloises. 

Pour rappel, les zones contribuent à la sécurité des 500.000 navetteurs qui entrent et sortent chaque jour de la capitale, et encadrent annuellement plus de 1.000 manifestations. À ces missions s’ajoutent celles en lien avec le statut de capitale nationale, européenne et internationale. 

« Cette expertise se prolonge aussi dans les missions de proximité que la police locale assure, là encore au quotidien, auprès des citoyens bruxellois. Premier point de contact entre les citoyens et la police, l’agent de quartier est ainsi parfois un assistant social de première ligne, et il joue un rôle prépondérant par rapport à sa connaissance du terrain et aux remontées d’informations qu’il peut faire », déclare Philippe Close, Bourgmestre de la Ville de Bruxelles. 

Une fusion sur quels critères objectifs ?

Les bourgmestres rappellent que les six zones bruxelloises figurent dans le top 12 des plus grandes zones du pays, avec une moyenne par zone supérieure à 200.000 habitants, contre 65.000 au niveau national.

L’objectif d’une fusion serait de disposer de suffisamment d’agents pour assurer les sept fonctionnalités de base de la police. C’est d’ailleurs dans cette optique que les premières fusions de zones ont débuté en Flandre en 2011. L’échelle idéale, évoquée à plusieurs reprises par la Ministre Verlinden, et dont le constat est partagé par la majorité des chefs de corps et le niveau judiciaire, comprendrait 300 à 500 collaborateurs opérationnels, ce qui est déjà le cas à Bruxelles. 

Interrogée à la Chambre sur la fusion des zones de police bruxelloises le 15 janvier dernier, la Ministre Verlinden a confirmé elle-même : « il est difficile aujourd’hui de donner des chiffres très précis sur les gains d’efficacité en cas de fusion ».

« On le voit par rapport à ces critères, les six zones de police bruxelloises possèdent déjà une taille optimale, en réalité. L’idée de la fusion est une mauvaise réponse à des enjeux légitimes, mais la police locale et son organisation n’en sont nullement la cause. Nous assumons nos responsabilités », indique Vincent de Wolf, Bourgmestre d’Etterbeek.

La fusion des six zones de police bruxelloises est une solution simpliste à des enjeux complexes. Le raisonnement est biaisé et est une chimère utilisée pour détourner l’attention: telle qu’envisagée dans ces déclarations, la fusion des 6 zones de police est une mauvaise réponse à des attentes légitimes dans la lutte efficace contre la criminalité,

Un potentiel à déployer 

Selon Brulocalis, le sous-financement fédéral aux zones de police locale à politiques inchangées s’élèvera à près d’un demi-milliard d’euros sous cette législature. Ce montant considérable s’explique notamment par la non actualisation de la norme KUL, la diminution de leur dotation fédérale de base en raison du mécanisme de solidarité interzonal avec les zones de police rurale, la charge des pensions ou, encore, la mise en œuvre des accords sectoriels 2018 et 2022. 

Sans compter les interrogations qui demeurent sur la pérennité de certaines dotations, ou le manque de personnel – il faudrait actuellement entre 900 et 1.000 agents supplémentaires pour couvrir correctement le territoire bruxellois.

« Les six zones de police bruxelloises sont performantes et optimales. Imaginez ainsi ce qu’elles pourraient encore réaliser si elles disposaient des moyens financiers suffisants et d’un cadre opérationnel et administratif au complet ? », ajoute Olivier Maingain, Bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert

Des problématiques au-delà de l’échelon local

En conclusion, la Conférence des Bourgmestres et Brulocalis insistent : ces enjeux dépassent largement le niveau local et touchent à l’ensemble de l’appareil policier et judiciaire. « Le service aux citoyens rendu quotidiennement par l’ensemble des agents de police se fait tant au niveau local que fédéral. Ils sont appelés à remplir leurs missions essentielles dans un contexte souvent difficile et où la grande criminalité cristallise les attentes et demande des réponses globales. Ceci est rendu complexe en raison notamment d’un manque de personnel et de financement. Ces difficultés ne se résoudront que si elles sont approchées globalement et avec l’ensemble des parties prenantes », conclut Benoît Cerexhe, Bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre.

Retrouvez ci-dessous le rapport complet sur le fonctionnement des zones de police bruxelloises.
 

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