Le lancement de l’initiative Batopin (Belgian ATM OPtimization Initiative, projet de Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC) en 2020 pour rationnaliser un réseau commun de distributeurs neutres de billets a abouti à une réduction importante du nombre de distributeurs, notamment dans les communes bruxelloises, et pose un problème d’accès à l’argent liquide pour de nombreux citoyens. Après un bras de fer visant à trouver un compromis, le gouvernement fédéral via les trois ministres en charge (le ministre de l'Économie et du Travail, M. Pierre-Yves Dermagne, le ministre des Finances, M. Vincent Van Peteghem, et la secrétaire d'État à la Protection des consommateurs, Mme Alexia Bertrand) et le secteur financier via la fédération Febelfin, sont tombés sur un accord le 31 mars dernier pour mieux répartir les distributeurs sur le territoire national, notamment en ajoutant 287 distributeurs aux projections initiales de Batopin. Dans ce contexte, Brulocalis a sondé les communes bruxelloises afin de comprendre quels problèmes émergeaient de cette situation, leurs attentes et leurs besoins dans ce dossier. Tour d’horizon des résultats de notre enquête.

Plaintes autour de la disparition des distributeurs 

Au total, treize des dix-neuf communes ont répondu à notre sondage, à savoir la Ville de Bruxelles, Koekelberg, Berchem-Sainte-Agathe, Woluwe-Saint-Pierre, Schaerbeek, Ixelles, Evere, Auderghem, Molenbeek, Uccle, Watermael-Boitsfort, Anderlecht et Etterbeek. La quasi-majorité des répondants (douze d’entre elles) dit avoir reçu et encore recevoir régulièrement des plaintes de commerçants ou de citoyens, voire les deux, concernant la raréfaction des distributeurs sur leur territoire, notamment à proximité des zones commerciales. Presque la moitié des communes disent avoir reçu des centaines de plaintes, une autre a reçu une pétition de 1.200 signataires. Les plaintes sont suivies en interne au service Économie/Commerce des communes. 

Disparition des petits commerces 

Les participants n’ont pas manqué de mettre en parallèle cette disparition progressive des distributeurs avec celle des petits commerçants sur leur territoire. Des commerces disparaissent, ou sont moins attrayants pour les consommateurs en comparaison des grandes surfaces et du commerce en ligne, lorsque leurs clients n’ont plus un accès aisé au cash. Les marchés locaux, mais aussi les foires, braderies, brocantes... dépendent encore fortement de paiements en liquide. L’impact direct est donc économique, mais également social, avec une fragilisation des personnes plus âgées ou victimes de fracture numérique. D’autant plus que les suppressions seront importantes à certains endroits :  Uccle annonce dans le sondage qu’elle passera de 76 distributeurs de billets en 2022 à seulement 16 machines en 2024. 

Un manque à gagner pour les communes 

Outre le fait que ces distributeurs représentent un intérêt pour le tissu économique et le vivre ensemble dans les communes, la suppression a également des conséquences fiscales. Les taxes sur ces machines variant de 1.000 à 10.000 euros par an, leur suppression entraine une perte sèche pour les recettes communales. 

Un tissu urbain bruxellois spécifique 

Concernant la mesure visant à prévoir un distributeur à moins de deux kilomètres en zone urbaine (objet de l’accord défendu par le gouvernement fédéral), les réponses sont unanimes : ce n’est pas suffisant. A fortiori dans des zones commerciales ou densément peuplées comme on en trouve beaucoup sur le territoire bruxellois. Les communes bruxelloises souhaitent surtout les garder dans les quartiers commerçants pour soutenir le dynamisme économique de ceux-ci, et aimeraient les répartir dans les zones résidentielles pour garantir un accès aisé aux distributeurs pour tous les types de publics. Étant donné la taille des communes bruxelloises (par exemple, Etterbeek qui s’étend sur 3km²), la densité ou les particularités socio-économiques de certains quartiers, celles-ci préfèreraient garder au moins un distributeur dans un rayon de 1 km, ou une approche sur mesure en fonction des différents tissus urbains.  

Des contacts sans engagement 

Douze répondants sont en contact avec les autorités fédérales ou avec Batopin  afin de rechercher des pistes de solution et de suivre de près quels distributeurs risquent d’être supprimés. Trois communes mentionnent avoir adopté des motions en conseil communal, visant à préserver au maximum l'accès au cash sur leur territoire. Aucun engagement concret n’a été toutefois reçu de la part de Batopin, regrettent les communes.  
Ces retours nourriront les réunions avec les différents acteurs de terrain avec lesquels Brulocalis est en contact (e.a. hub.brussels, Financité). Une étude est précisément en cours chez hub.brussels, à la demande de la Secrétaire d'Etat à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Transition économique, Madame Barbara Trachte, pour objectiver la répartition des points de distribution d’argent en Région bruxelloise. Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de l’évolution de ce dossier et de ses éventuelles implications pour les communes bruxelloises.