La mi-mandature est généralement un moment propice aux changements de compositions dans les Collèges des bourgmestre et échevins. Mais cette année est un peu particulière au sens où plusieurs bourgmestres cèdent leur écharpe… qui reviennent à trois reprises à des femmes. En cette journée du 8 mars, dédiée aux droits des femmes dans le monde, nous proposons ci-après d'étudier la mixité dans la vie politique locale bruxelloise.

Cinq nouveaux bourgmestres en 2022... dont 3 femmes

  • Auderghem : Sophie de Vos remplace Didier Gosuin depuis fin janvier 
  • Forest : Stéphane Roberti ayant démissionné pour raisons de santé, c’est Mariam El Hamidine qui prend la tête de la commune 
  • Jette : Claire Vandevivere a repris les rênes de la commune des mains d’Hervé Doyen
  • À Saint-Gilles : Jean Spinette succède à Charles Picqué (remplacement prévu courant 2022) 
  • Ganshoren : Pierre Kompany a cédé l’écharpe mayorale à Jean-Paul Van Laethem.

La quasi-parité bruxelloise

On dénombre à peu près 700 élus locaux à Bruxelles

Elus en 2022

Hommes

Proportion d’hommes

Femmes

Proportion de femmes

Total

Conseillers communaux

273

52.5

247

47.5

520

Échevins

78

50

77

50

155

Bourgmestres

14

75

5

25

19

Total

365

53

329

47

694


À la suite des élections de 2012, à Bruxelles, 58% des membres des conseils communaux, 61% des échevins et 95% des bourgmestres étaient des hommes. Mais le système légal est alors différent de celui qui régit la matière de nos jours, et moins volontariste en termes de représentativité politique des femmes.

Aux élections d’octobre 2018, les lignes avaient quelque peu changé. Catherine Moureaux à Molenbeek et Cécile Jodogne à Schaerbeek étaient certes initialement les seules femmes à accéder au poste de bourgmestre, soit 10%. Mais à mi-mandat, en 2022, pas moins de cinq bourgmestres cèdent leur écharpe, et ce sont à trois reprises des femmes qui en bénéficient, augmentant notablement leur représentation à ce niveau : Sophie de Vos à Auderghem, Mariam El Hamidine à Forest et enfin Claire Vandevivere à Jette. Dès lors, les femmes-bourgmestres représentent désormais plus d’un quart des mayorats bruxellois. Cela reste peu, mais c’est mieux que dans les autres régions (voir infra).

Au rang des échevins, on dénombre 77 échevines sur 155. Les femmes y représentent donc bien 50% des échevinats. Cette analyse ne porte pas sur les types d’échevinats qui leur échoient plus ou moins souvent. Les chiffres actuels sont donc moins favorables aux femmes que ceux de 2012… mais restent fort proches de la parité.

Ce qui ne fait, rappelons-le, que répondre au prescrit légal puisque depuis l’ordonnance de 2018, la parité est de mise à Bruxelles : ce texte impose qu’il y ait autant d’échevins de sexe féminin que de sexe masculin (à une unité près, en cas de nombre d’échevins impair). Cependant, il ajoute qu’il peut être dérogé à ce principe de parité si au minimum un tiers des membres du collège des bourgmestre et échevins sont « de sexe différent des autres ». En outre, il prévoit une exception tant au principe de la parité moitié-moitié qu’à la mixité un tiers-deux tiers : dans le cas où les listes formant la majorité communale ne comprennent pas de membres d’un des sexes en nombre suffisant. Enfin, il précise que, dans cinq cas qu’il énumère, si un échevin vient à être remplacé, son successeur n’est pas tenu d’être du même sexe que lui.

Voir à ce sujet : « Collège des Bourgmestre et Echevins : la parité hommes/femmes est désormais visée ! » [15.2.2018]

Enfin, au rang des conseillères communales, elles sont 267 sur 564… soit 47%. Ici encore, la parité est quasi atteinte.

Nous observions, début des années 2000, une structure pyramidale nette, qui voyait la proportion de femmes diminuer en fonction de l’évolution du mandat, avec donc proportionnellement moins de femmes bourgmestres que d’échevines et moins d’échevines que de conseillères. On voit donc que l’obligation issue de l’ordonnance de 2018 instaure la (quasi)-parité au niveau échevinal, sans cependant toucher au niveau mayoral pour d’évidentes raisons, mais qui aboutissent à ce même goulot d’étranglement… goulot quelque peu élargi par les recompositions de 2022.

Retrouvez une version plus complète de cet article dans le Trait d'Union 128 (sortie avril 2022).