« Souffrance sociale et santé mentale dans la relation d'aide »: C'est à travers cet intitulé qu'un cycle de formation a été proposé auprès des travailleurs sociaux des 19 CPAS de la région bruxelloise. Une expérimentation immersive et inédite de quatre journées, fruit d’une collaboration entre la Fédération des CPAS bruxellois et le Collectif Psychosocial Umoya.

Le dernier rapport de l’OMS consacré à la santé mentale dans le monde met en évidence qu’une personne sur quatre souffre d’un trouble mental à un moment de son existence.

La santé mentale est influencée par de nombreux déterminants biologiques, sociaux (emploi, logement, éducation,…), environnementaux, culturels,…

En effet, les recherches confirment l’existence d’un fort gradient économique dans la prévalence des troubles de la santé mentale en Belgique. Vulgairement dit : plus les gens sont pauvres, moins leur santé mentale est bonne. Selon l’analyses de l’Agence Intermutualiste : « les individus appartenant à la classe la plus faible présentent, en 2016, un surrisque de 149% d’avoir une hospitalisation psychiatrique par rapport à ceux qui appartiennent à la classe la plus élevée ».

Selon les données d’Eurostat, en 2018, 20% de la population belge présente un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Et selon les auteurs du rapport intersectoriel des « évolutions des problématiques sociales et de santé 2013-2018 » ; nous faisons face à « la précarisation croissante du public et la complexité des demandes qui découlent de la pauvreté ».

La pandémie de COVID-19 est venue accentuer cette tendance avec la détérioration rapide de la situation socio-économique des groupes vulnérables.

Les conséquences de cette crise sanitaire couplée à des crises sociales, économiques qui se succèdent révèlent l'accentuation aiguë d'une précarité qui touche différentes couches de la population.

Sous l'effet d'un isolement et d'un « enfermement » des citoyens, de nombreux troubles de santé mentale ont révélé des souffrances importantes dont les professionnels des centres publics d'action sociales deviennent les premiers témoins. Dans une pratique professionnelle quotidienne qui s'avère complexe sont venus s'additionner la nécessité d'une lecture plus fine de la souffrance sociale et des troubles psychiques qu’elle entraîne.

Sur base de témoignages venant des travailleurs des CPAS, le programme de formation qui s’est déroulé sur quatre journées aura permis de fixer des points d’attention sur les spécificités d’un accompagnement auprès d’un public en grande précarité, mettant en exergue des thématiques liant souffrance sociale et santé mentale pour un public en migration, d’un public souffrant d’assuétudes aux drogues licites ou illicites, tout en questionnant son propre positionnement professionnel au regard du secret professionnel partagé.

Alternant présentation et témoignages d’intervenants extérieurs spécialisés dans différentes thématiques, un soin a également été conçu pour que ce cycle de formation permette un échange de pratiques sous un mode participatif, favorisant l’émergence auprès des différents participants de ressources personnelles et professionnelles. Un accent a également été mis sur l’importance d’un travail de réseau comme soutien à la pratique du quotidien.